David Hockney: "A Bigger Splash" 1967 Tate Gallery, Londres.

David Hockney est né en 1937 au Royaume Uni. Il appartient au mouvement "Pop Art" qu'il a contribué à développer en Grande-Bretagne.

David Hockney, "A Bigger Splash", 1967

David Hockney, "A Bigger Splash", 1967

Les toiles les plus intéressantes de David Hockney, dont la production est foisonnante et pas forcément géniale (s'agissant surtout de ses paysages), sont celles, plutôt rares, qui suggèrent une suspension du temps et qui ne sont pas sans rappeler les oeuvres de Edward Hopper (1882, 1967). "A Bigger Splash" en fait partie; c'est probablement, la  meilleure toile de David Hockney.

 

Hopper, "People in the sun", 1960

Hopper, "People in the sun", 1960

Hopper, "Morning sun", 1952

Hopper, "Morning sun", 1952

David Hockney, "My parents" 1977

David Hockney, "My parents" 1977

David Hockney, "Fred & Marcia Weisman" 1968

David Hockney, "Fred & Marcia Weisman" 1968

David Hockney, "Pool with two figures" 1971

David Hockney, "Pool with two figures" 1971

David Hockney a peint "A Bigger Splash" entre avril et juin 1967, période durant laquelle il donnait des cours de dessin à l'université californienne de Berkeley.  David Hockney avait visité Los Angeles une première fois en 1963; il y était retourné en 1964 pour y rester jusqu'en 1968; puis il est retourné à Londres.

David Hockney a été frappé par le nombre de piscines en Californie. La piscine, qui est utilisée toute l'année par les californiens, n'y est pas nécessairement un signe extérieur de richesse car chaque villa a sa piscine (si tant est que le fait de posséder une villa en Californie ne soit pas un signe extérieur de richesse!). Entre 1964 et 1971, David Hockney a peint de nombreuses toiles avec la piscine pour sujet.

"A Bigger Splash" est un grande toile (242,5 cm/243,9 cm). Pour sa composition, David Hockney s'est inspiré d'une photo qu'il a trouvée dans un magazine immobilier et de croquis qu'il a réalisés de constructions en Californie.

"A Bigger Splash" fait suite à deux peintures datant de 1966 sur le sujet: "The Splash" et "A smaller Splash".

David Hockney, "The Splash" 1966

David Hockney, "The Splash" 1966

David Hockney, "A Smaller Splash", 1966

David Hockney, "A Smaller Splash", 1966

Il explique qu'il lui a fallu très peu de temps (48 h) pour peindre le décors, c'est à dire l'ensemble du tableau sans le "Splash". Il n'y a pas eu de dessin préparatoire. David Hockney a utilisé de la peinture acrylique qui présente l'avantage d'un court temps de séchage.

Chaque bloc de couleur a été peint au rouleau et les détails, tels que le "splash", la chaise et la végétation ont été peints avec des pinceaux. Le tableau a nécessité deux semaines de travail, en raison du temps pris pour la peinture du "splash".

Le caractère cinématographique de la représentation saute aux yeux. David Hockney donne l'impression d'avoir utilisé la technique dite (dans le jargon du cinéma) de  l' "arrêt de caméra" . En l'espèce, le plan montre, à la fois, une villa plongée dans la torpeur de la sieste un jour d'été, lorsque tout est suspendu et que plus personne n'est visible autour de la piscine et, dans le même décors,  le résultat d'un plongeon qui n'est que suggéré et que le spectateur, bien qu'attentif, n'a pas pu voir. Magie du trucage: deux prises de vues sont montrées dans un même cadrage. Le "splash" n'a provoqué, en effet, aucunes vagues dans le reste de l'eau de la piscine. C'est cette impression de "tour de passe-passe" qui rend la composition fascinante. On attend la sortie de l'eau du responsable énigmatique d'un plongeon aussi étrange.

Le plongeoir qui donne l'impression de surgir en diagonale du coin en bas à droite de la toile, confère à l'ensemble son côté dramatique.  Tous les autres plans sont, en effet, verticaux (lignes verticales des constructions, fenêtres, palmiers) ou horizontaux (lignes horizontales des constructions, bords de piscine).

L'impression de malaise, laissée par ce plongeoir intrusif, dont la couleur jaune jure avec le reste de la toile, l'emporte. Il donne à la tranquillité affichée de la villa une lourdeur toute hitchcockienne: la petite chaise pliante paraît bien esseulée et dépourvue de confort dans un décors où l'on aurait attendu des transats. Il n'y a pas trace de vie: pas de serviettes qui trainent, pas de verres, pas de livre ou de journal, pas de flaques d'eau... Les deux palmiers en arrière plan derrière la villa ont une raideur exagérée. La moitié de la villa est occupée, sur sa droite, par un mur sans ouverture, animé, à sa base, par un trait de verdure hirsute, l'autre moitié de gauche est au contraire occupée par de grandes baies vitrées qui reflètent un paysage urbain très présent : des constructions, quelques palmiers; la ville, hors champ, est juste là et ne donne pas une impression de détente.  Tout à l'air d'attendre quelque chose.

La question est la suivante: Est-ce que David Hockney a voulu donner à son tableau cette impression inquiétante d'un univers faussement idyllique ?

Il est probable que non.  

David Hockney a été fasciné par les belles villas avec piscines californiennes. Il a été séduit par la douceur de la vivre en Californie, sensuelle et décontractée, très opposée au stress qui règne à New York. C'est en Californie qu'il est tombé amoureux d'un de ses élèves, Peter Schlesinger; c'est pendant cette idylle qu'il a réalisé la trilogie des "splash".  David Hockney n'a jamais eu un oeil critique sur la vie bourgeoise californienne qu'il appréciait au contraire.

Il est fort probable que, si "A Bigger Splash" est le chef d'oeuvre que l'on sait, c'est en raison d'une lecture erronée que l'on fait de ce tableau.

Pourtant, David Hockney a pris soin de conserver une bordure blanche, non peinte, autour de sa toile comme pour créer une distance par rapport au sujet; comme s'il avait voulu faire en sorte que son tableau ressemble à une illustration de magazine.  A-t-il voulu atténuer ainsi l'impression inquiétante laissée par cette peinture ?  

Le mystère reste entier.

David Hockney: "A Bigger Splash"

Suivez "artactual.over-blog.com" sur Pinterest.

Retour à l'accueil